Comme beaucoup de ceux qui s’intéressent au web 2.0, je suis avec curiosité l’actualité de la société 37signals, connue entre autres choses pour avoir créé le framework Ruby On Rails ou l’application en ligne de gestion de projet Basecamp. Je n’ai pas toujours l’usage pour les applications qu’ils diffusent, mais elles montrent souven des concepts ou des méthodologies à la pointe dans le domaine de la création d’applications web. Surtout, cette équipe insiste sur la simplicité et le dépouillement des interfaces et des fonctionnalités, qui paraît être une tendance essentielle de la société actuelle (disons de la société de l’information).
J’ai ainsi été amené à essayer le programme Writeboard pour travailler à plusieurs sur des documents. L’interface est très simple, permettant de faire toutes les manipulations indispensables sur un texte. L’intérêt essentiel, pour moi, était qu’ainsi il est possible de comparer différentes versions du texte, mais aussi qu’il est accessible de n’importe quel ordinateur connecté à internet. Je me trompais sur ce dernier point : l’authentification pour l’accès à ce service se fait une URL compliquée, associée à un mot de passe (partagé par tous les utilisateurs qui ont accès à ce document). Cette méthode relève de la même approche de simplification des interfaces utilisateurs.
La réalité est que lorsque je veux accéder à un document depuis un autre ordinateur que le mien, je ne me souviens pas de l’URL, que je n’ai que dans un mail dans Thunderbird… Bien sûr, je peux transmettre ce message sur mon Gmail… mais je n’y pense pas toujours et l’adresse est différente pour chaque document… Au final, j’ai purement et simplement renoncé à utiliser ce service.
Ensuite, je me suis tourné vers Writely dont l’ambition n’est pas exactement la même (Writely se veut un traitement de texte en ligne). Pour ce qui concerne l’accès, tout est beaucoup plus conventionnel : je vais sur www.writely.com, j’ouvre une session avec un login et un mot de passe, et là je vois une liste de tous mes documents. Comme je me souviens du nom « writely » et que je me souviens assez bien du mien, je suis en mesure d’accéder à n’importe lequel de mes documents de n’importe où ; ce qui est un avantage important (c’est cette fonctionnalité que je recherchais surtout).
Ensuite, je me suis rendu compte que cette application répond à un certain nombre de besoins que j’ai pu avoir ou qu’avaient des collègues que j’ai rencontrés ici ou là.
La première fonctionnalité importante à cet égard est l’import/export depuis et vers la plupart des formats de traitements de texte courants. C’est très utile lorsqu’on reçoit un fichier qu’on ne peut pas ouvrir. Contrairement à ce que l’on dit souvent dans la communauté du logiciel libre, ce problème ne se pose que rarement avec les fichiers Word, quand on n’a qu’Open Office, puisqu’OOo ouvre bien les fichiers .doc ; en revanche, lorsqu’on a un fichier OO sur laquelle seul MS Word est installé (voire, horresco referens, MS Works), le problème est insoluble : on peut naturellement installer OOo, mais il n’est guère possible de télécharger la petite centaine de mégaoctets qu’il représente avec une connexion RTC (qui sont encore courantes dans beaucoup d’écoles primaires) ou même quand on n’a que quelques minutes devant soi. Avec Writely, il suffit de téléverser le fichier et de l’exporter vers un format utilisable !
Une autre utilisation, dans le même ordre d’idées : les enseignants sont souvent soucieux de donner à leurs élèves des documents dans un format standard : le PDF est bien adapté pour cela. Bien sûr OOo permet de créer des PDF, mais il ne faut pas sous-estimer le fait que certains collègues ne savent simplement pas installer un logiciel sur leur ordinateur personnel, sans même parler des politiques de sécurité locales qui n’autorisent pas forcément l’installation de nouvelles applications sur les machines d’un établissement. Writely est là pour eux ! Parmi les formats disponibles pour l’exportation figure le PDF. Il faut préciser que cette fonctionnalité va sans doute devenir payante quand l’application ne sera plus en bêta (c’est du moins ce qui était indiqué il y a quelque temps, avant le rachat de Writely par Google… Est-ce un changement de stratégie ?).
Si l’on ajoute à tout cela la possibilité de travailler à plusieurs (avec notamment une fonctionnalité qui permet d’être informé en temps réel lorsqu’un autre utilisateur modifie le même document en même temps), évidemment la gestion simple des différentes versions et les nombreuses (toujours trop) possibilités de mise en forme de texte, la possibilité de générer une page web et même d’écrire directement sur un blog, je crois que tous les enseignants devraient au poins se poser la question de l’utilisation de ce service.
Si les créateurs de cet outil ne changent pas leur plans dans l’avenir, leur intention est de fournir gratuitement un ensemble assez conséquent de services de base et de permettre aux utilisateurs d’accéder à des fonctionnalités avancées moyennant un abonnement. Ce projet devrait assurer une assez bonne pérennité.