J’espère qu’on me pardonnera ce titre à la fois un peu ambigu et un peu racoleur…
Je viens de lire un article de Peter Johnson, intitulé Pornography Drives Technology: Why Not to Censor the Internet, dans lequel l’auteur explique en quoi la pornographie présente des avantages, et notamment celui de permettre un progrès technologique. Un bref historique montre comment la pornographie a toujours été associé aux progrès techniques.
Johnson évoque plusieurs avantages de la pornographie :
- le milieu du porno est à la recherche de solutions nouvelles, peu coûteuses et rapidement rentables ;
- la pornographie stimule la curiosité technique des utilisateurs en les incitant à utiliser davantage les outils utilisés comme média : “Les jeunes hommes amateurs de gadgets et fous de filles resteront plus longtemps devant un terminal qui leur apporte des à la fois des filles et des gadgets” ;
- la crainte que les enfants n’accèdent à des contenus indécents incite les parents à acquérir des connaissances informatiques pour éviter que leurs enfants plus compétents ne puissent les tromper. Si le Congrès assume ce rôle parental, les parents seront encouragés à négliger cette remise à niveau ;
- la pornographie sur ordinateur est moins nuisible que la pornographie télévisée.
Je pense que la perspective d’ensemble est assez juste, même si je ne suis pas forcément d’accord avec tous les arguments donnés. Surtout, il me semble que certaines de ces idées peuvent être transposées sur un autre plan.
Je suis, à ce point, dans l’obligation de demander à mes lecteurs de pardonner un bref paragraphe autobiographique nécessaire à une bonne compréhension de la suite de ce billet.
Depuis cet été, je travaille à l’Agence du Numérique du conseil général des Pyrénées Atlantiques qui développe, en partenariat avec l’Education nationale, un projet appelé e-espagnol dont l’objectif est de promouvoir l’utilisation de l’audio pour l’apprentissage de l’espagnol. Un axe important de ce projet est la distribution de baladeurs MP3 aux élèves des établissements impliqués, afin qu’ils puissent écouter hors de la classe des documents sonores mis à leur disposition par leurs enseignants.
Plusieurs enseignants ont manifesté la crainte que les élèves n’utilisent le baladeurs pour autre chose que pour des activités scolaires. Bien sûr, il n’est pas ici question de pornographie, mais simplement de contenus moins sérieux, plus frivoles, moins contrôlés que les documents donnés par les professeurs. Cependant, certains des mécanismes décrits par Johnson me paraissent intervenir.
Ainsi, la possibilité pour les élèves d’utiliser les baladeurs pour écouter leur propre musique (de préférence désapprouvée par le professeur) les pousse à manipuler davantage cet appareil et par conséquent à l’utiliser avec plus d’efficacité. D’autre part, désireux de ne pas être dupes et de pouvoir, les enseignants sont très enthousiastes pour apprendre à travailler avec ce matériel, alors qu’ils n’auraient peut-être pas eu le même goût s’ils n’avaient pas cette crainte des usages inappropriés. D’ailleurs, certains parmi ces enseignants n’ont jamais déployé autant d’efforts pour maîtriser les magnétophones ou les lecteurs CD qu’ils utilisaient auparavant, parce que cet outil ne présentait pas ce ‘risque’.
Finalement, peut-être que la difficulté, le risque, sont, contrairement à ce qu’on pourrait penser, des paramètres qui favorisent le développement des pratiques pédagogiques innovantes…