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"Un réseau de plus en plus serré de distractions et d’occupations vaines"

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Mes prophéties sur le collégien du futur

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John William Waterhouse - The Crystal Ball
J’avais promis dans un précédent billet de commenter rapidement mes prophéties sur le collégien du futur. Je l’avoue, c’était une promesse de Gascon (une spécialité locale ici 😉 ) ; sept mois plus tard, les bribes de ce billet de commentaire restaient paresseusement alanguies dans mon moleskine et, comme personne ne s’en était ému, moi aussi je jouissais avec indolence de cette impunité. Mais voici que quelqu’un a lu mon billet et fait remarquer que j’ai manqué à ma parole ! Je suis pris la main dans le sac et comme le sycophante n’est autre qu’Eric Delcroix dont je suis les publications depuis… longtemps… je ne pouvais plus ne pas publier ce billet. Le voici donc remis à jour aujourd’hui.

Nous sommes en effet à mi-parcours (ce texte d’avril 2006 essayait d’imaginer ce que serait la vie d’un collégien 10 ou 15 ans plus tard). Dans quelle mesure la vie d’un collégien de 2014 correspond-elle à ce que j’avais imaginé ? Une des prophéties s’est assurément réalisée (mais sur celle-ci je n’avais guère de doutes) : mon fils est entré en 6ème cette année et je me trouve donc avoir un spécimen de collégien tout frais à examiner.

NB : Il ne s’agit pas de savoir si j’avais raison, si « j’avais vu juste ». Ce point n’est pas très important (sauf si un jour j’envisage de m’installer comme voyant ; dans ce cas mes lecteurs seront les premiers informés, naturellement 😉 ) d’autant que je n’aurais pas la prétention de soutenir que mes propositions étaient très originales. Il est plutôt question de savoir si le numérique et ses usages par les jeunes ont évolué comme on pouvait le prévoir alors ou si des révolutions inattendues ont eu lieu en ce domaine.

Ce qui s’est confirmé

En premier lieu, il faut reconnaître que les smartphones se sont généralisés (le premier iphone est sorti presque un an après la publication de mon billet. Essayez de vous souvenir de ce qu’était un smartphone en 2006… Un article de décembre 2006 donne le top 3 des smartphones de l’année : le Nokia E61 (voir photo), le Blackberry Pearl 8100 et le Motorola MING A1200). Désormais, à peu près tous les téléphones mobiles ont les fonctionnalités que j’évoquais : navigation web, fonctions multimédia etc.

Nokia E61 fr
De même les fonctions de géolocalisation sont maintenant largement disponibles sur les terminaux et des applications en tirent profit pour proposer des notifications liées au lieu où se trouve l’utilisateur : on pense évidemment à Foursquare, qui envoie des notifications sur les contacts qui sont à proximité, sur les offres des commerçants proches, sur les commentaires associés à un lieu. Cet exemple est le plus caractéristique et le plus proche de ce que j’évoquais (le téléphone indique à Théo qu’un de ses amis est à proximité) mais on peut aussi penser à la légion d’applications qui permettent de trouver les (restaurants|musées|toilettes|…) les plus proches de l’endroit où on se trouve ou qui utilisent la géolocalisation pour apporter des informations sur un lieu (certaines applications de réalité augmentée, guides de musées…) Je peux même régler mon téléphone pour que le réveil ne sonne que quand je suis dans un lieu donné !

Un autre point est confirmé, c’est l’importance qu’a conservé le papier dans le travail du collégien :

Le cartable d’un collégien sera beaucoup plus léger, dans dix ans ; il lui servira à transporter quelques feuilles de papier et de quoi écrire, mais son instrument le plus important sera son téléphone portable.

Et même, contrairement à ce que j’avais imaginé, les élèves de collèges n’en sont pas à prendre des notes sous forme numérique en classe et les cartables ne sont guère plus légers qu’ils n’étaient à l’époque.

De même, l’évolution de l’utilisation du courrier électronique est à peu près celle que j’avais dite : les jeunes utilisent très peu, et de moins en moins, ce moyen de communication et ils le perçoivent comme un « truc de vieux ». Les exemples sont nombreux :

  • La société Atos, sous l’impulsion de ses jeunes salariés (son personnel est en grande partie constitué de consultants en début de carrière), a décidé en 2011 de supprimer tous les courriels internes avant 2014 ; un réseau social d’entreprise a été mis en place pour remplacer cet outil. Même s’il semble que ces ambitions aient été fortement revues à la baisse depuis, cette annonce montre bien la vigueur de la tendance contre le courrier électronique dans notre société.
  • Un enseignant mon confiait un jour que lorsqu’il cherchait à obtenir les adresses électroniques de ses élèves, beaucoup n’en avaient pas ou ne les consultaient pas. Pourtant, comme il le fait remarquer, tous ou presque sont utilisateurs de Facebook et cette plateforme nécessite une adresse email pour créer un compte (et c’est même cette adresse qui est utilisée comme identifiant de connexion).

Il est vrai que les courriels ne sont pas devenus payants. Toutefois, un hébergeur m’a dit, il y a déjà quelques années, que la gestion du courrier électronique constituait la première source de coût pour son entreprise (gestion des serveurs exigeant une puissance de calcul et un espace de stockage de plus en plus importants, logiciels destinés à lutter contre les abus et les attaques, support utilisateur…). Thierry Venin (qui, en plus de ses innombrables qualités, a également celle d’être le directeur de l’Agence départementale Numérique 64, dans laquelle je travaille 😉 ) donne dans sa thèse de nombreux exemples du coût que représente la multiplication du courrier électronique et surtout de l’image négative qu’en ont les utilisateurs, notamment en ce qui concerne le stress au travail. Il est probable que ce moyen de communication ne soit jamais payant, simplement parce que, désormais, plus personne ne serait disposé à payer pour elle, mais il est probable qu’à moyen terme il disparaîtra dans sa forme actuelle.

Ce qui reste à venir

Il existes des applications dotées d’une certaine forme d' »intelligence ». Je pense notamment à Siri sur iOS qui « comprend » des questions en langage naturel et leur trouve une solution. Je ne connais pas Siri, mais j’ai eu l’occasion de voir un peu fonctionner Google Now. Il se comporte à peu près comme l’agent intelligent de Théo, pour certaines choses simples. Par exemple, il me dit quand je dois partir avant un rendez-vous, en tenant compte des conditions de circulation du moment, m’indique le chemin à prendre pour m’y rendre. Il fait aussi des choses encore plus « intelligentes » (et qui font un peu peur, je l’avoue) ; voici un exemple (tiré d’une expérience réelle) : pour un déplacement à Paris, je note l’heure et l’adresse de la réunion dans mon agenda Google, je réserve un hôtel sur booking.com, qui m’envoie un email de confirmation. A mon arrivée à Paris, sans aucune action de ma part (à vrai dire, je n’avais activé ce service que par curiosité, sans comprendre à quoi il servait), un message sur mon téléphone m’annonce : « Vous êtes à Paris. Vous avez réservé un hôtel pour cette nuit. Voici l’itinéraire pour vous rendre à cet hôtel, vous y serez dans 40 minutes. » Il n’a pas manqué ensuite de me faire savoir l’heure de ma réunion et le chemin à suivre pour y aller. On approche de certaines fonctions de l’agent intelligent de Théo (jusque dans le zèle appliqué à lire les messages à la place de leur destinataire 😉 ). Toutefois, l’usage aussi systématique que dans l’histoire de Théo n’est pas encore généralisée et les applications restent encore assez rudimentaires.

Globalement, comme Eric Delcroix le fait remarquer, ce qui dans mon billet correspond le moins à la réalité actuelle est ce qui concerne le collège de mon jeune cobaye. J’avais bien raison d’écrire : « La plupart des cours se déroulent comme quand les parents de Théo étaient au collège ». Les cours en visio-conférence n’existent pas, à ma connaissance, autrement que sous forme d’expérimentations ici ou là (à vrai dire, je reste très perplexe sur l’efficacité de tels dispositifs). Ce sur quoi je pensais avoir peu de chance de me tromper est sans doute ce qui a le moins évolué depuis 2006 : il s’agit des ENT. Dans ce domaine, rien n’a changé en dix ans : ces systèmes sont ce qu’ils ont toujours été, des usines à gaz, rêves d’ingénieurs de ministère, dont la principale utilité semble être de faire fonctionner l’économie en poussant les collectivités à subventionner à fonds perdus toutes sortes de prestataires (éditeurs de logiciels, intégrateurs, hébergeurs, éditeurs de contenus…). Les avancées sont marginales et portent plutôt sur les infrastructures et le « back office », le côté utilisateur restant laid, peu ergonomique et indigent en termes de fonctionnalités.

Autre point étonnant : alors que les smartphones sont de plus en plus répandus dans la vie quotidienne de chacun, ils ne sont pas entrés dans les établissements scolaires. Que dis-je ? Alors que beaucoup d’élèves sont munis de cet outil qui pourrait leur permettre de faire beaucoup de choses en classe (prendre des notes, photographier des expériences, rechercher des informations etc.), le législateur a pris soin de s’assurer qu’ils ne pourraient pas en faire usage.

Je ne parle pas de tous les amusants dispositifs automatiques destinés à remplacer l’appel en classe, retrouver les élèves égarés etc. Nous en sommes loin (et ce n’est peut-être pas plus mal)…

Ce que je n’avais pas vu

Je suis peut-être pardonnable de ne pas avoir vraiment prévu deux éléments importants de la vie d’un collégien du futur (du présent en tout cas) : les tablettes et les réseaux sociaux.

En ce qui concerne les tablettes, il n’y a rien à dire, elles ne sont en rien différentes d’un smartphone dans leurs fonctionnalités.

Pour les réseaux sociaux, je n’avais pas imaginé leur existence en tant que tels, mais j’avais tout de même envisagé des fonctions qui sont désormais liées à ces outils : savoir quand un contact est à proximité, savoir comment un jeu vidéo est évalué par les autres joueurs, combien de contacts sont connectés à un moment donné etc.

Finalement, avec un peu plus de réseaux sociaux et, peut-être, en agrandissant un peu l’écran du smartphone de temps en temps, pour en faire une tablette (ceci dit, je persiste à penser que le smartphone est un outil très versatile et facile à transporter, beaucoup plus simple à utiliser et à « gérer » en classe), je maintiens à peu près ces prophéties pour l’échéance prévue.

Et vous, comment voyez-vous la vie d’un collégien dans 2 à 7 ans ?

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La vie d’un collégien du futur : le point sur mes prophéties

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J’ai décidé d’essayer de redonner vie à ce blog. Mais pour éviter un réveil trop violent à mes lecteurs réguliers, assoupis depuis plusieurs années, je préfère commencer par publier à nouveau un ancien billet, qui a désormais pris un sens tout nouveau.

En effet, à l’heure où on s’interroge de plus en plus sur le sens du numérique en éducation, où, après une phase d’équipement massif et enthousiaste, on commence à se demander ce qu’apportent les TIC à la pédagogie, je trouve intéressant de ressortir ce vieux billet, que j’avais publié en avril 2006, sur la vie d’un collégien dix ou quinze ans plus tard. Ludovia se proposait cette année, dans cette logique de distanciation critique, d’examiner ce qu’étaient devenues les promesses du numérique ; de la même façon, voici mes propres promesses (ou prophéties, disons-le) que je vous propose de reconsidérer 7 ans après (donc avant l’échéance annoncée). Je vous livre donc ce texte dans son état initial (néanmoins expurgé d’un nombre honteusement conséquent de coquilles) et je le commenterai rapidement dans un prochain billet.

La vie d’un collégien dans dix ans (publié initialement le 4 avril 2006)

Il y a quelques mois, j’ai été contacté par une journaliste du magazine pour les jeunes Okapi afin de donner mon avis sur ce que sera la vie quotidienne d’un collégien européen dans dix ou quinze ans. Comme cette journaliste m’a depuis appris que le dossier ne serait pas traité selon l’angle prévu et que ma contribution ne serait pas utilisée, je la publie ici. J’ai pris d’autant plus de plaisir à faire ce petit exercice que j’ai un fils de 2 ans qui sera donc collégien dans 10 ans. Le cartable d’un collégien sera beaucoup plus léger, dans dix ans ; il lui servira à transporter quelques feuilles de papier et de quoi écrire, mais son instrument le plus important sera son téléphone portable, qui ressemblera un peu aux smartphones que nous connaissons et qui aura de nombreuses fonctions : téléphone, bien sûr, mais aussi appareil photo, baladeur MP3, outil de navigation web. Toutes ces fonctionnalités existent déjà sur certains appareils haut de gamme, mais elles seront alors en standard sur tous les téléphones. Surtout, cet appareil comportera deux nouveautés : un système de géolocalisation et un agent web intelligent. Le premier permettra d’identifier le téléphone de manière unique et de le localiser à chaque instant. On pourra ainsi savoir où il se trouve, ce qui empêchera les vols, mais aussi qui permettra de savoir où est son porteur. Les parents du collégien trouveront ce moyen bien pratique pour être sûr qu’il rentre directement en sortant du collège…

L’agent intelligent se chargera d’une foule de petites tâches qui soulageront le collégien : prendre automatiquement des rendez-vous chez le docteur en accord avec son emploi du temps, rappeler les choses importantes sous forme de SMS ou d’appels téléphoniques et trouver toutes les informations utiles au bon moment. On pourra programmer et interroger cet agent par le clavier ou bien par la voix, pour les quelques cas où ce moyen peut être utile.

Voici à quoi pourrait ressembler une journée :

Le matin, Théo est réveillé par une lumière douce et la dernière chanson de son chanteur préféré, qui émanent de son téléphone portable. Après un solide petit déjeuner, il sort de la maison en prenant son sac à dos et son téléphone portable. Dans la rue, il commence à prendre la direction de l’arrêt de tramway le plus proche, quand son téléphone se met à sonner. Il met son oreillette, c’est son agent intelligent qui lui signale que le prochain tramway va passer à l’arrêt dans cinq minutes et que celui d’après ne lui permettra pas d’arriver à l’heure au collège, compte tenu des conditions de circulation de la journée. Théo se met donc à courir ; il arrive juste à temps pour monter dans le tram.

Pour occuper ses quinze minutes de trajet, il demande à son agent intelligent s’il a du travail qu’il peut faire dans les transports en commun dans le temps dont il dispose ; l’agent lui propose de réécouter le texte sur lequel son professeur d’anglais lui a demandé de travailler.

En arrivant au collège, Théo pose sa main sur une sorte d’écran situé à l’entrée de l’établissement. Ce dispositif sert à s’assurer que c’est bien lui qui porte son téléphone, qui est détecté par des capteurs spécifiques (dans les premières années où ce système de détection était utilisé, cette précaution n’était pas prise et certains jeunes avaient trouvé la solution de donner leur téléphone à un copain pour pouvoir faire l’école buissionnière). Il sait que dans le collège, de nombreux capteurs sont présents : dans chaque salle pour s’assurer que les élèves sont bien présents à chaque cours, à l’entrée de la cantine, pour savoir quels élèves ont pris leur repas etc. Si un élève n’est pas détecté à l’entrée au collège ou dans la salle où il doit être, un SMS est aussitôt envoyé à ses parents pour les informer de ce retard ou de cette absence.

La plupart des cours se déroulent comme quand les parents de Théo étaient au collège : un professeur est devant ses élèves. C’est le cas pour les cours de mathématiques, de français, d’histoire géographie, par exemple. Bien sûr, quelques détails ont changé : l’ordinateur installé sur le bureau du professeur (un vieux Pentium IV récupéré dans l’ancienne salle informatique du collège) qui affiche une image sur le tableau interactif, les élèves qui, pour la plupart, prennent des notes sur leur smartphone. Les livres et les documents utiles pour le cours sont stockés sur internet, dans l’espace numérique de travail de l’établissement, et téléchargés à la demande sur les smartphones. Il faut préciser que pendant les cours, les appareils sont dans un mode particulier qui interdit les communications avec l’extérieur et l’accès aux services de loisirs ; ne pas activer ce mode pendant les heures de cours est passible de lourdes sanctions et la plupart des élèves ont programmé leur agent intelligent pour l’activer dès l’arrivée au collège.

D’autres cours en revanche prennent une forme différente : ils sont faits en visioconférence dans une salle spéciale. Là, chaque élève est isolé dans une sorte de cabine, avec un casque et un micro, devant un écran. Les progrès de la technique permettent d’avoir une image et un son d’excellente qualité, assez semblables à ce qu’ils seraient si le professeur était présent physiquement. Les cours dispensés ainsi sont ceux de disciplines rares : langues vivantes peu enseignées, langues anciennes, options peu choisies. Pendant quelques années, par exemple, seuls une dizaine de collèges de France offraient à leurs élèves la possibilité d’apprendre le grec ancien ; heureusement, la mise en place de ce système de cours par visio-conférence a permis de créer de nouvelles options et d’offrir les mêmes choix à tous les collégiens de France, en mutualisant les cours : Théo a choisi d’apprendre le chinois en 6ème et il vient de commencer le grec en 3ème. Le groupe de grec est constitué de 8 élèves vivant dans toutes les régions de France.

L’année de troisième de Théo, l’année scolaire 2017-2018, a aussi vu la création d’un nouvel ensemble d’options dites européennes : ce sont des cours proposés en visio-conférence dans des collèges de tous les pays de l’Union européenne. Au grand dam du professeur de français, beaucoup de ces leçons sont faites en anglais, mais il en existe dans presque toutes les langues européennes. Comme Théo fait de l’anglais depuis l’école primaire et qu’il a eu souvent l’occasion de consulter des documents dans cette langue pour des recherches faites dans le cadre de l’école ou de ses loisirs, il n’a pas de problème pour suivre sa nouvelle option ‘Introduction to 20th century art’ (il aurait préféré prendre ‘Introduction to political science’, mais il a fait ce choix pour être dans la même classe virtuelle qu’Anthony, son ami de Londres). A la récréation, Théo voit sur les écrans plasma fixés aux murs du collège que M. Blondin, son professeur de mathématiques, est absent, il se réjouit car il sortira ainsi à 15h.

Dans la cour du collège, il réactive son portable pour consulter ses messages. Sa mère lui a laissé un message vocal : “J’ai reçu un email m’indiquant que M. Blondin est absent. N’en profite pas pour faire des bêtises.” Théo sourit en pensant à sa mère en train de lire ses courriers électroniques ; il lui a souvent expliqué que c’est un moyen complètement dépassé pour communiquer, mais elle s’obstine à choisir ce mode de réception pour les informations du collège, qui arrivent au milieu des centaines de messages publicitaires. Et dire que chaque message lui est facturé ! Son téléphone sonne, c’est son agent intelligent qui lui annonce : “Puisque le cours de 15h à 16h est annulé et que la nouvelle console ZRZ 2 que tu as commandée est arrivée ce matin, nous pourrions passer la chercher. Toutefois, je ne sais pas si c’est compatible avec la consigne envoyée à 9h53 par ta mère.” Théo affirme que oui et l’agent lui indique qu’une demande de confirmation a été envoyée à sa mère par courrier électronique.

A la sortie, Théo prend donc le chemin de la boutique de jeux vidéo. En route, son agent lui indique qu’il a détecté la présence de son ami Siméon, qui passe à proximité. Il lui envoie un SMS et ils décident de se retrouver au coin de la rue. Dans le même temps, Théo téléphone à Cassandra, une amie qu’il a rencontrée dans un échange avec une école de Bilbao, quand il était en CM1. Il se souvient de l’époque où, quand il avait 6 ans, les communications avec un téléphone portable étaient payantes et que sa mère lui reprochait toujours de passer trop de coups de téléphone à ses amis.

De retour chez lui, il demande à son agent le travail qu’il a à faire pour le lendemain. Celui-ci lui propose une organisation pour faire les différents travaux dans les meilleures conditions, en tenant compte de son état de fatigue, de ses habitudes de travail et de la démarche qui lui convient le mieux : d’abord faire les travaux écrits, puis les leçons à mémoriser, qu’il réécoutera (grâce à un synthétiseur vocal) en prenant sa douche avant de se coucher. L’agent tient aussi compte du fait que Théo a hâte d’essayer sa nouvelle console et commence à télécharger les jeux les mieux notés sur les forums qu’il fréquente.

Après avoir fait son travail, Théo connecte sa console sur son ensemble multimédia. Cet appareil est en fait un petit ordinateur connecté avec des liaisons sans fil à un ensemble de périphériques : clavier, grand écran, haut-parleurs, joystick. Bien sûr il est aussi relié au smartphone, avec lequel il se synchronise automatiquement. D’autres gadgets sont également connectés à cet appareil : une horologe qui projette l’heure au plafond, des compteurs lumineux indiquant combien des amis de Théo sont connectés en ce moment ou le nombre de messages sur son répondeur.

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