Je viens de découvrir (un peu tard sans doute), le site microLEARNING, par l’intermédiaire d’InternetActu. Ce site, tenu par une équipe constituée autour de Frédéric Soussin, expose les fondements de la méthode qu’ils appellent microlearning, qui consiste, en gros, à délivrer régulièrement de tout petits contenus de formation par courrier électronique.
Je me suis alors souvenu d’un commentaire que j’avais lu sur Azimuts au sujet de la présentation faite par Frédéric Soussin lors des journées “GreCO 2005 : Enseigner avec les technologies”. Dans ce billet, Eric Delcroix contestait vivement cette notion de microlearning. Lorsque j’avais lu ce billet, je n’avais pas eu le temps de regarder la vidéo de cette intervention et j’avais pensé que, contrairement à ce que j’avais vu les quelques fois où il m’est arrivé de le rencontrer, Frédéric Soussin avait peut-être un peu forcé le trait et qu’il avait peut-être manifesté une certaine forme ‘d’arrogance mercatique’, comme cela arrive parfois lorsqu’on présente quelque chose en public.
Je viens de regarder cette vidéo et il n’en est rien ! Comme d’habitude, Frédéric a présenté cette notion avec simplicité et modestie en précisant même que chacun est à même d’appliquer ces idées dans sa pratique personnelle, sans aide de sa part.
Je comprends bien et je partage la préoccupation d’Eric : la prolifération des buzzwords et des révolutions technologiques qui disparaissent après quelques jours est évidemment agaçante. Cependant, il me semble qu’en l’occurrence son billet est injuste.
Lorsque je travaillais sur le projet Argos (le projet d’Espace Numérique de Travail de l’académie de Bordeaux), au rectorat de Bordeaux, notamment pour la formation des enseignants, j’ai bien eu l’occasion de voir que des formations de quelques heures isolées n’étaient pas suffisantes pour mettre en place des usages réels et durables. Il était utile que nous (l’équipe des formateurs Argos) restions diponibles pour répondre aux questions que se posaient après coup les collègues que nous avions formés, mais cela même ne suffisait pas : très souvent, nous reprenions contact avec eux, individuellement ou plus collectivement pour faire le point de leur utilisation, de leurs problèmes, mais aussi de leurs réussites. C’était un moyen de stimuler et d’enrichir les usages, mais aussi pour nous d’améliorer nos formations en connaissant les pratiques mise en oeuvre par les enseignants sur le terrain.
D’autre part, ma pratique personnelle me montre que j’apprends aussi avec le microlearning, d’une certaine façon : je reçois des messages de listes de diffusion, je lis des billets dans mon agrégateur RSS, parfois je lis un billet en entier, d’autres fois, je me contente de ‘taguer’ (ou tagger ?) un document pour penser à le relire ou même simplement, je me contente de lire le titre ; par la suite, il arrive que dans une situation particulière j’aie besoin de quelque chose que j’ai vu dans ce flux et je retourne le chercher pour approfondir. Je n’ai pas fait autre chose aujourd’hui pour écrire ce billet : j’ai lu dans Rojo (mon agrégateur RSS) l’interview de Frédéric Soussin sur InternetActu que j’ai mentionnée au début de ce billet, qui m’a donné l’adresse du site microLEARNING, qui m’a rappelé quelques idées sur cette notion ; j’ai alors repensé à un billet que j’avais lu il y a quelques mois sur Azimuts, qui contenait un lien versla vidéo de la conférence de Frédéric Soussin que je n’avais pas eu le temps de regarder à l’époque… Ca n’a l’air de rien, mais c’est ainsi qu’on apprend : en utilisant à un certain moment ce qu’on a vu hors contexte à un autre moment.
Ce que le microLearning dit à ce sujet, à mon avis, c’est simplement que le hors-contexte doit être limité mais régulier, pour que ces ‘fausses acquisitions’ soient toujours présentes à mon esprit de façon à ce que je puisse les activer utilement au moment opportun pour en faire de ‘vraies acquisitions’ de compétences.Pour favoriser cette ubiquité du canal de formation (qu’il soit une liste de diffusion, un fil RSS, une émission de télévision, un site web ou n’importe quoi d’autre), ubiquité qui fait que je peux me dire “j’ai vu quelque chose qui pourrait m’être utile sur telle liste de diffusion” ou même simplement qui fait que je pense à lancer une recherche dans ce canal précis, ce canal doit utiliser souvent (par exemple quotidiennement) un moyen de communication que j’utilise régulièrement (par exemple le courrier électronique pour beaucoup d’utilisateurs).
Ce sont peut-être des évidences, mais qu’il n’est jamais mauvais de rappeler et que mêmes certains formateurs expérimentés oublient parfois. Au-delà de ces considérations, je pense que Frédéric Soussin a aussi des choses à dire sur les méthodes pour créer ces petits contenus, en les adaptant aux objectifs poursuivis, aux cibles et surtout à ce mode de diffusion.
D’ailleurs, ces remarques correspondent à une tendance lourde du elearning (et pas seulement du elearning) vers une formation plus décentralisée, plus informelle et moins structurée…