Avec ou sans bruits parasites

"Un réseau de plus en plus serré de distractions et d’occupations vaines"

Catégorie : Général (page 1 of 2)

De l’amitié : Facebook et vieilles dentelles

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Je m’interroge depuis longtemps sur l’aspect social des réseaux sociaux, ou du moins de ce qu’on appelle ainsi désormais : Facebook, Twitter etc. Disons-le d’emblée, je ne partage pas le mépris largement répandu au sujet de ces services et la dévalorisation de leur dimension sociale. Une forme particulière de ce mépris est la remise en cause de la notion d’amis sur Facebook. Vous voyez de quoi je veux parler : ces gens qui, en évoquant les « amis » qu’on a sur Facebook, laissent entendre qu’ils considèrent que ce terme n’est pas approprié. Ils ajoutent un commentaire dévalorisant, en précisant par exemple « soi-disant amis » ou bien indiquent simplement, par leur ton (à l’oral) ou par la ponctuation (à l’écrit), qu’ils mettent « amis » entre guillemets, parce qu’un « ami » sur Facebook n’est pas un vrai ami. Le dernier exemple de ce genre qu’il m’a été donné de voir est ici (milieu du deuxième paragraphe). On comprend bien le message sous-jacent à ce type de réserves : Facebook nous propose des relations humaines dégradées, dénaturées, mais le dissimule en nous trompant par un vocabulaire inapproprié qui renvoie à ce que les relations humaines ont de plus beau, de plus admirable.

Il me semble que ce jugement est une mauvaise façon de poser le problème et je voudrais raconter quelques anecdotes pour illustrer mon propos.

Mettons-nous d’accord sur le vocabulaire

Je considère généralement que quelqu’un a des ‘copains’, qui sont des gens qu’il apprécie, avec lesquels il a des relations relativement régulières, avec lesquels il passe du temps. Parmi ces gens, qui peuvent être assez nombreux, il distingue une poignée d »amis’, des personnes avec lesquelles les liens sont plus forts, avec lesquels les relations se maintiennent plus durablement, même en cas d’éloignement géographique. Eventuellement, dans ce groupe d’amis peuvent encore être distingués, en nombre encore plus réduit (rarement plus d’un ou deux) des ‘meilleurs amis’.

Première anecdote : « c’est pas mon copain, c’est un ami »

Cette mise au point étant faite, venons-en à mes anecdotes.

Je parlais récemment à une jeune fille de vingt ans d’un garçon de son âge avec lequel elle me disait avoir rompu toute relation. Je m’en étonnais : « Pourquoi ? C’était pourtant ton copain ». Ce à quoi elle répondit aussitôt : « Ce n’était pas mon copain [comprendre : ‘petit ami’], c’était un ami ». Il est clair que ce qu’elle appelait ‘ami’ était la même chose que ce que j’appelais ‘copain’.

Le détracteur de Facebook sautera sur l’occasion : « Pauvre jeune fille fourvoyée par la rhétorique pernicieuse et déstructurante de Facebook qui s’imagine que n’importe quelle personne avec qui on est en relation est un ‘ami’ ! »  Voire.  Ma deuxième anecdote aidera à comprendre ce qu’il faut en penser.

Deuxième anecdote : « la soirée avec mes amis »

Il y a une grosse dizaine d’années, ma mère me rapportait, avec une nuance de reproche, qu’un de mes jeunes cousins alors âgé de vingt ans qualifiait d »amis’ les personnes avec qui il passait son temps libre : « Il ne dit pas ‘mes copains’, mais ‘mes amis’ ! » Aurait-il, lui aussi, été trompé par l’idéologie décadente de Facebook ? Je crains bien que non, puisque Facebook n’existait pas à l’époque… Ainsi, déjà, les jeunes appelaient ‘amis’ ce que leurs aînés appelaient ‘copains’.

Troisième et quatrième anecdotes : « ma copine » et « ta petite »

Quand j’avais vingt-cinq ans, ma tante me reprochait gentiment de dire « ma copine » pour parler de ma petite amie, me disant qu’à mon âge il convenait mieux de dire ‘ma compagne’ (ce que je n’aurais assurément jamais dit à vingt-cinq ans) ou ‘mon amie’.

Vers la même époque, ma grand-mère, pour prendre des nouvelles de ma petite amie me demandait : « comment va ta petite ? » J’ai bien sûr compris ce qu’elle voulait dire mais par la même occasion, j’ai compris que quand Guy Béart chantait « ma petite est comme l’eau », il ne parlait pas de sa fille… (et ce n’est pas une plaisanterie)

Vous avez compris où je veux en venir, lecteur : les différentes générations ont toujours eu un vocabulaire différent et la question de l »amitié’ sur Facebook, que certains semblent envisager avec effroi, n’est rien d’autre qu’une insignifiante question de vocabulaire entre générations.

Alors il n’y a pas de problème avec Facebook ?

Hé bien si, il doit bien y en avoir un, si certains le ressentent, mais il n’est pas ce qu’ils croient, à mon avis.

Le problème, d’abord, c’est que ces questions de terminologie entre générations, qui existaient déjà, comme je viens de le montrer, étaient auparavant confinées à quelques repas de famille annuels. Les jeunes repartaient en souriant de ce « verbe d’antan » délicieusement désuet, les vieux en s’attendrissant de ces jeunes qui se complaisaient dans un vocabulaire abscons et un peu approximatif. Mais avec Facebook, le repas de famille dure toute l’année et c’est à chaque instant que ce choc de génération peut se faire sentir : tout le monde est au même endroit et peut, virtuellement, parler à tout le monde, sur un pied d’égalité. Chacun est ainsi confronté à la différence de l’autre sans que cette confrontation soit délimitée. Ce dont je suis convaincu, et j’espère en reparler, est que ce qui pose problème dans les réseaux sociaux n’est pas l’appauvrissement des relations humaines, mais au contraire leur multiplication.

Le problème, surtout, c’est que pour ces échanges entre générations, il faut un langage commun, une sorte de koinè. Traditionnellement, dans les repas de famille dont je parlais, cette koinè est le langage des Anciens : le petit-enfant s’efforce de parler à sa grand-mère en utilisant son langage à elle. Sur Facebook, cette autorité est inversée : la koinè est plutôt inspirée du langage des jeunes. En somme, il faudrait une traduction de Facebook en « langage senior », pour les vieux (ne te retourne pas lecteur, c’est bien de toi que je parle 😉 ), dans laquelle on aurait une liste de ‘copains’, par exemple. Une telle traduction n’existe pas et au fond, c’est ça qui nous met le seum, je crois. 😉

(Précision déontologique : j’ai choisi d’évoquer dans le titre de ces billet les « vieilles dentelles » pour faire référence aux dames âgées que j’ai mentionnées (par ordre d’apparition à l’écran : ma mère, ma tante, ma grand-mère). Cette expression pourrait donner d’elles une image de vieilles dames conservatrices et revêches, un peu comme la comtesse douairière de Downton Abbey ; il n’en est rien, toutes trois sont (ou a été, pour le cas de ma grand-mère), des dames très dynamiques et ouvertes d’esprit.)

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Pourquoi j’ai ouvert un nouveau blog

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« Un nouveau blog, direz-vous ? Et pourquoi ne pas alimenter plutôt ceux, commencés jadis, qui dépérissent ? » J’y viens, j’y viens, lecteur impatient. En effet, j’ai décidé de créer un nouveau blog, mais contrairement à ce que j’ai fait jusqu’à maintenant quand j’ai créé un blog, celui-ci ne remplace pas le précédent. Il correspond à un besoin que j’éprouve depuis longtemps de pouvoir partager des informations, des liens, simplement, mais en ayant parfois aussi la possibilité de rassembler plusieurs liens dans un même billet, de les commenter etc. J’ai parfois été tenté de le faire sur mon ancien blog, directement, en écrivant des billets brefs ou indirectement, en postant automatiquement mes bookmarks de delicious. Néanmoins, aucune de ces méthodes ne me semblait assez simple et assez efficace. En outre, je ressentais un certain malaise à mélanger des billets relativement longs et rédigés avec des notes informelles et des liens. C’est la raison d’être de ce nouveau blog qui me sert depuis maintenant presque deux ans à noter les liens intéressants, des idées qu’on consigne au fil de la plume, tandis que l’ancien, Avec ou sans bruits parasites, reste plutôt consacré à des textes plus longs et plus « écrits ». J’ai choisi le titre  de mon précédent blog en référence à un texte d’Hermann Hesse qui parle du progrès technique. Le titre du nouveau renvoie à un extrait de L’Homme sans qualités de Robert Musil. Car ce blog sera une sorte de reflet de la réalité, un moyen de relayer l’actualité, de consigner ce que j’aurai appris ou découvert, en somme, un espace consacré à ce qu’on a gagné en réalité… et donc que l’on a perdu en rêve.

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Chat au court-bouillon ?

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Je viens de découvrir le billet que Frédéric de Villamil consacre à répondre à un billet de Francis Pisani intitulé « Google se tire une balle dans le pied », dont j’ai, par la même occasion, parcouru les commentaires (qui sont, comme souvent sur Transnets, très nombreux et, disons-le entre nous, pour la plupart très agressifs). Je suis sidéré de la naïveté avec laquelle toutes ces réponses accusent Francis d’être naïf… Il a sans doute prêté le flanc à un tel reproche en parlant de « contrat moral » et son titre est peut-être un peu excessif, mais il me semble qu’il a raison sur le fond.

En effet, Google a rigoureusement le droit de mettre un terme aux services qu’il propose gratuitement, tout comme un supermarché a rigoureusement le droit de cesser de commercialiser un produit particulier (c’est d’ailleurs ce que font régulièrement les grandes surfaces de l’agglomération paloise en ne proposant plus de nouilles udon, soba et ramen crues dès la période du « Nouvel an chinois » passée ; mais je parlerai de ce scandale une autre fois 😉 ). Néanmoins, en faisant ce choix, le supermarché prend le risque que les clients intéressés par ce produit décident d’aller faire leurs courses ailleurs… et n’achètent plus le produit en question (forcément) mais plus non plus d’autres produits « rentables ».

Dans le cas de Google, bien sûr il est inconsidéré de mettre toutes ses données sur un service en ligne, sans avoir de sauvegarde, bien sûr il n’est pas raisonnable d’être dépendant d’un service quelconque, mais, comme le rappelle un commentaire de Transnets, dans le choix d’un outil et de l’utilisation qu’on en fait, il y a toujours à faire des compromis, à accepter certains risques (ou à faire des efforts supplémentaires pour les éviter). Le fonds de commerce de Google (devrais-je dire son business model ?) est, si j’ai bien compris, de proposer des services gratuits à ses utilisateurs et d’en profiter pour leur montrer de la publicité. Or si je suis utilisateur régulier d’un service et que ce service vient à disparaître, je vais y réfléchir à deux fois avant de m’engager dans l’utilisation d’un nouveau service que le même prestataire me proposera et donc je serai moins enclin à accepter d’être exposé à ses publicités dans le cas qui nous concerne.

Il ne s’agit pas de « contrat moral », de « dû », de « syndrôme très français », de « gratuité systématique des applications », mais simplement de pavlovisme, ce que la fatidique sagesse populaire résume en disant « chat échaudé craint l’eau froide ».

Du côté de Google, il ne s’agit pas plus de « contrat moral », d’engagement ou de je ne sais quoi, mais simplement de communication et d’image de marque : le signal qui est donné aux utilisateurs est « Investissez du temps et de l’énergie à mettre vos données dans mes applications, mais il se peut que ce soit perdu du jour au lendemain » et dans le cas de Google et de sa façon de gagner de l’argent, je ne suis pas sûr que ce soit un excellent signal (même si, bien sûr, les services dont il est question ne sont pas purement et simplement arrêtés pour le moment). Et je pense donc que le raisonnement de Francis est juste sur le fond.

Cependant, on ne louera jamais assez Dieu pour cela (et c’est en cela que je pense que Francis Pisani exagère), on peut rester confiant dans la capacité de Google à évaluer l’impact de cette décision sur ses affaires. J’imagine que les applications concernées n’ont pas beaucoup d’utilisateurs réguliers (je dois avouer que je ne connaissais parmi elles que Google Notebook et Google Video) et que les effets de bord du mécontentement de ces utilisateurs (comme Francis) ne menacent pas sérieusement la situation de l’entreprise. A ce titre, il ne s’agit probablement pas d' »une balle dans le pied ». D’un ongle cassé, peut-être ?

Remarque : Si vous êtes, comme moi, utilisateurs de Google Notebook, vous serez peut-être intéressés par les billets de Benoit Descary :

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Productivité ?

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Mogore attire notre attention sur le changement de ton du blog 43folders . Ces réflexions me rappellent ce que je pense à chaque fois que je vois la liste interminable des blogs taggés ‘productivity’ dans mon agrégateur RSS (dont 43f fit partie, naturellement) et ces moments où je lis des blogs sur la productivité pour ne pas faire ce que je devrais faire…

Elles me font aussi penser à mes débuts avec la méthode GTD : confiant dans mon système et excité par la nouveauté de la méthode, je consignais toutes mes tâches à faire et ne faisais rien… à part des ‘reviews’ et des améliorations à ce système… C’est sans doute une réaction naturelle face à la nouveauté : quand j’ai un nouveau téléphone, je passe beaucoup de temps à lire la documentation, à changer des options… avant de recommencer à ne plus savoir faire les opérations élémentaires qui font son originalité et à me contenter de téléphoner bêtement…

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L’âge du péta-octet…

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Mon fils de bientôt cinq ans, qui, comme beaucoup de ses semblables, n’est pas chiche d’hyperboles, m’a demandé pendant l’été ce qu’il y a après « méga » (parce que mieux que superbien, c’est mégabien), puis ce qu’il y a après « giga »… Lorsque, quelques jours plus tard, il m’a demandé ce qu’il y a après « téra », je dois avouer que j’ai séché et ce n’est qu’après une recherche sur le web que j’ai pu lui répondre « péta » (mais en tant que parent responsable, j’ai néanmoins pris la peine de lui expliquer que le terme « pétabien » risquait de ne pas être intelligible pour tous).

Aussi ai-je particulièrement prêté l’oreille (devrais-je dire l’oeil ?) quand j’ai découvert, par l’intermédiaire d’Olivier Ertzscheid, l’article de Chris Anderson traitant de l’impact de l’Age du Pétaoctet sur la méthode scientifique. Depuis, Hubert Guillaud a écrit un article de synthèse très intéressant sur la fin de la science, dans lequel il évoque cet article : Est-ce que le déluge de données va rendre la méthode scientifique obsolète ?. Mais ce n’est pas de cet impact sur la science que je veux parler ici ; cet article m’a inspiré quelques réflexions, qui rencontrent des préoccupations que j’ai depuis longtemps.

D’abord cette idée d’un déluge de données dans lequel des logiciels pourraient trouver un sens automatiquement (l’exemple le plus saisissant est celui de la traduction : « à corpus de données égal, Google peut traduire du klingon en persan aussi facilement qu’il peut traduire du français en allemand », dit Anderson) me semble mettre en évidence une tendance importante et durable de l’internet actuel : la domination d’un système fonctionnant avec des données peu structurées, au détriment d’un système plus rigoureux et plus structuré. En somme, il s’agit d’une victoire du web 2.0 (ou 3.0, je ne compte plus) sur le web sémantique. C’est ce principe qui s’applique pour le moteur de recherche de Google ou les sites de signets collaboratifs comme del.icio.us : on ne demande pas au fournisseur de contenu (pages web ou liens dans ces exemples) de faire une description exhaustive de son contenu ; à la rigueur, on lui demande quelques mots clés (tags), mais cela ne va guère au-delà. Il me semble que cette tendance se confirme d’une façon très nette et que la mise en place d’un formalisme imposant de taxinomies et d’ontologies qu’on nous promet parfois n’aura pas lieu, en tout cas pas dans les dix ans qui viennent. A la place, le web continuera à être une sorte de vrac dans lequel les ordinateurs devront se débrouiller pour trouver un sens (quel qu’il soit), et non un objet bien propre spécialement fabriqué pour qu’ils le comprennent.

A cet égard, le billet de Jean Véronis sur la nouvelle fonctionnalité de Google de détection de pièce jointes oubliées, dans lequel il explique la méthode qu’il utiliserait pour implémenter cette fonction est un témoignage éloquent. Cette méthode donne véritablement le vertige : il s’agit d’ « extraire à l’aide d’outils statistiques les n-grammes qui apparaissent fréquemment dans les mails avec attachement et pas dans les mails sans attachement », puis « pour chaque nouveau mail, regarder si un de ces n-grammes magiques est présent dans le texte, et si oui déclencher une alerte ».

D’ailleurs, je crois que l’époque est au refus d’un formalisme excessif. Le succès d’une méthode comme GTD n’est sans doute pas étranger à ce refus : un projet, tel que le décrit David Allen, n’est pas un ensemble complexe de systèmes et de sous-systèmes, qui peut être représenté de diverses façons (diagramme de Gantt, de PERT…) ; c’est plutôt un ensemble d’actions qui peut être consigné sur le dos d’une enveloppe et dont la représentation essentielle est la Next action, c’est-à-dire « Et maintenant qu’est-ce qu’on fait ? »

En somme, le principe directeur, connu depuis toujours, est que « le Mieux est l’ennemi du Bien » et plutôt que d’avoir un modèle qui prévoit tout, il vaut mieux avoir un modèle facile à adapter quand on aura besoin de lui faire faire quelque chose d’imprévu… Les méthodes de programmation dites « agiles » ne reposent pas sur autre chose.

Mais aussi cette situation a un impact sur l’informatique en général : d’abord parce qu’elle peut contribuer à populariser l’idée qu’un ordinateur doit travailler à la place d’un humain et non lui donner du travail… Truisme… mais qui ne paraît pas si évident pour tous nos semblables : l’ami qui m’a dit il y a quelques années « Pourquoi as-tu 2 (ou 3 ou 6…) ordinateurs, tu ne peux pas être assis devant tous en même temps ? », sans savoir qu’un bon ordinateur est précisément celui que j’utilise sans être assis devant lui, ou bien ceux qui ne veulent pas utiliser l’informatique parce qu’ils n’ont pas le temps…

Je crois que cette tendance a aussi une conséquence sur le métier d’informaticien. En effet, de nos jours, il est possible de programmer facilement, sans avoir de compétences théoriques importantes. C’est un raisonnement que je me fais depuis longtemps à mon propre sujet : je passe une partie importante de mon temps de travail à écrire du code et pourtant, je n’ai jamais étudié l’informatique et je n’ai pas de connaissances approfondies en algorithmique. Un exemple parmi beaucoup d’autres : tout ce que j’ai pu apprendre sur les algorithmes de tri (que je n’ai appris que par curiosité et jamais par besoin) ne m’a jamais été directement utile, parce que toutes les fois où j’ai eu à trier des données, il était plus simple et plus efficace d’utiliser une fonction native ou fournie par une bibliothèque du langage que j’utilisais (le plus souvent python).

J’ai longtemps pensé que cette approche était caractéristique d’un autodidacte de la programmation, professeur de lettres de formation, mais j’ai constaté au contact de ‘vrais’ informaticiens, ou de stagiaires qui finissaient des études (de type BTS ou DUT) en programmation que beaucoup n’ont pas de notions théoriques plus approfondies et que ces connaissances ne sont guère utiles dans la pratique quotidienne de beaucoup de programmeurs.

Or l’âge du péta-octet exige une vraie réflexion sur les algorithmes : le volume gigantesque de données nécessite des traitements optimisés pour être réalisables dans des conditions acceptables, les opérations à mettre en oeuvre impliquent des notions sur les statistiques que tous ne possèdent pas. La conséquence de cela va être l’élargissement du fossé entre l’élite des programmeurs, très compétents, détenteurs de connaissances très pointues dans des disciplines scientifiques, et la piétaille des scripteurs, qui sera de moins en moins distincte des power users, de plus en plus nombreuse. Bien sûr, cette fracture existe déjà, mais il y a fort à parier qu’elle va aller en s’accentuant.

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Convertir des fichiers ogg ou speex en mp3

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Je me suis trouvé souvent dans le situation de vouloir écouter des fichiers audio sur un appareil qui ne connaissait pas le format utilisé (le plus souvent Ogg ou Speex). Tous les appareils lisent le MP3 en revanche. J’ai donc voulu trouver un utilitaire pour faire la conversion.

Pour convertir des fichiers ogg en mp3, tout est expliqué ici. Pour les speex (extension .spx), le principe est le même, mais en utilisant la commande speexdec au lieu de oggdec afin de convertir le fichier en wav (la syntaxe est un tout petit peu différente).

Note : Je suis sous Linux, mais on doit pouvoir faire fonctionner ce script sous Windows avec Cygwin.

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Une visio avec Montaigne ?

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Un nouveau blog… Il y a un petit moment que je songe à ce changement, surtout pour ne plus avoir à me préoccuper des mises à jour (ou plutôt de leur absence…) , du spam (plusieurs centaines de commentaires indésirables par jour, qui ne permettent pas de voir celui qui pourrait être intéressant)… C’est donc décidé, j’emménage ici, avec un blog tout neuf (mais dans lequel j’ai tout de même importé tous mes anciens billets), un blogroll vide, que je peuplerai petit à petit (je me suis rendu compte que certains des liens que je donnais n’avaient pas été mis à jour depuis plus de trois ans).

Surtout, pour bien marquer ce nouveau départ, j’ai voulu changer le titre de mon blog-notes et pour ce faire, il m’a semblé judicieux de me placer sous l’illustre patronage de Hermann Hesse qui écrivait dans Le Loup des steppes (en 1927) :

[Le narrateur est engagé dans une conversation avec sa logeuse.]

Nous parlâmes également de son neveu et elle me montra, dans une pièce attenante, le dernier objet qu’il avait réalisé pendant ses moments de loisir. Il s’agissait d’une TSF. Le jeune homme, assidu à la tâche, passait ici ses soirées à fignoler cet appareil. Il était enthousiasmé par le principe de la transmission sans fil et s’agenouillait pieusement devant le dieu de la technique qu’il révérait. Au bout de milliers d’années, ce dieu était parvenu à découvrir et à représenter de manière extrêmement imparfaite, des choses que chaque penseur connaissait depuis toujours et utilisait avec plus d’intelligence. Nous évoquâmes ce sujet car la tante se montrait légèrement encline à la piété et ne détestait pas les discussions de nature religieuse. Je lui déclarai que l’omniprésence de toutes les forces et de tous les actes accomplis dans le monde était déjà parfaitement connu des anciens hindous. En construisant un appareil encore terriblement imparfait, capable de recevoir et de diffuser les ondes sonores, la technique avait simplement porté à la conscience universelle un petit fragment de ce savoir. Quant à l’élément essentiel de cette vérité ancienne, la non existence du temps, la technique continuait de l’ignorer aujourd’hui. Au bout du compte, cependant, cet élément serait naturellement « découvert » lui aussi et tomberait entre les mains des ingénieurs affairés. On s’apercevrait peut-être très prochainement que, de même que nous pouvons entendre à Francfort ou à Zurich des concerts joués à Paris et à Berlin, nous baignons dans le flot permanent des images et des événements présents, immédiats. Mais ce n’était pas tout. On comprendrait également que l’ensemble des événements survenus depuis la nuit des temps sont enregistrés et présents de la même manière que le reste et qu’un jour, sans doute, nous entendrions parler le roi Salomon et Walter von der Vogelweide, avec ou sans fil de transmission, avec ou sans bruits parasites. Pour finir, je déclarai que, tout comme les débuts actuels de la radio, cela permettrait uniquement à l’humanité de fuir face à elle-même, face à ses buts ultimes, et de s’environner d’un réseau de plus en plus serré de distractions et d’occupations vaines.

« Un réseau de plus en plus serré de distractions et d’occupations vaines », dites-vous ? Comment ne pas reconnaître dans ces lignes une réalité qui nous est si proche ? Et si nous acceptons cette lecture prophétique, poussons-la encore avant et reconnaissons qu’un jour nous pourrons entendre la voix d’Apollonius de Tyane ou de Chrétien de Troyes. Cette perspective peut sembler absurde, mais songeons aux reconstitutions du passé que permettent les techniques de modélisation 3D, songeons à ce qu’auraient dit nos ancêtres pas si lointains de la possibilité qu’un message écrit ou sonore, qu’une image, arrivent à l’autre bout du monde en une seconde.

Bien plus : je me plais à musarder sur les sites comme « Copains d’avant » ou Facebook. J’y croise, bien sûr, des personnes que j’ai connues il y a quelques années, mais aussi, des personnes que je ne connaissais pas : ce garçon qui faisait du rugby avec moi, mais dont je ne connaissais que le prénom, cette fille que je connaissais de vue parce qu’elle fréquentait le même collège que moi, mais à qui je n’ai jamais parlé et dont je ne savais pas même le nom. Et ces gens dont je ne savais rien, non parce que je les ai oubliés, mais parce que je n’ai jamais rien su à leur sujet, je me retrouve à connaître leurs noms, à savoir des choses sur les études qu’ils ont poursuivies etc. En somme, j’apprends des choses sur mon passé.

Tout cela me rend fort enclin à croire, à espérer du moins, qu’un jour je pourrai entendre des voix que nous croyons perdues pour toujours, que je pourrai dialoguer avec des personnes mortes depuis longtemps.

Quant à la dimension pessimiste de cette citation, je préfère, comme le narrateur le fait dans le roman, « adopt[er] plutôt le ton de la plaisanterie, de l’amusement qui fit sourire la tante ».

Blogué avec le Navigateur Flock

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Outils Froids – Des solutions pour mettre en place la méthode GTD

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Décidément, la méthode GTD est à la mode : Outils Froids – Des solutions pour mettre en place la méthode GTD ! Ce billet contient des liens intéressants. Pour d’autres lectures sur ce thème, il y a naturellement le site officiel de David Allen, ainsi que les liens de del.icio.us portant le tag ‘gtd’ (n’hésitez pas à agréger le fil RSS correspondant, il y a sans cesse de nouvelles entrées).

Je vais continuer à lire le livre et à consigner mes notes ici (même si pendant mes vacances elles risquent de ne pas arriver avant quelque temps).

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Getting Things Done, chapitre 1

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Je suis en train de lire Getting Things Done, de David Allen, le gourou de l’organisation. L’idée d’avoir un méthode pour m’organiser m’a évidemment séduit d’emblée, mais quelques lectures sur le web au sujet de cette méthode m’avaient laissé penser que c’était un formalisme inutile qui ne m’apporterait rien. Par exemple, j’ai lu quelque part la distinction entre projet et action et j’ai cru qu’il s’agissait de décomposer les projets en autant d’actions atomiques que possible… Ce qui qui serait un moyen redoutable pour perdre plus de temps qu’on n’en gagne… Je voyais aussi des schémas complexes qui me paraissaient encore ajouter un peu de confusion dans un problème qui n’en avait pas besoin…

Pourtant, je voyais que des gens qui paraissent raisonnables utilisaient cette méthode : ici ou . J’ai donc voulu voir de plus près et j’ai commandé le livre sur Amazon.

La lecture du début de cet ouvrage m’a convaincu que je n’avais rien compris à mes lectures précédentes et m’a révélé une démarche intéressante. Je ne peux pas encore dire si cette approche est efficace, mais elle pose de vraies questions et j’espère pouvoir en retirer quelque chose. Pour garder une trace de cette lecture, je me propose de consigner mes notes ici, en espérant qu’elles pourront permettre à d’autres de ne pas faire les mêmes erreurs que moi dans l’interprétation de ce texte.

Voici donc pour le chapitre 1 :

L’ouvrage part du constat que nous voulons faire de plus en plus de choses et, évidemment, pas plus de temps qu’auparavant, ce qui provoque du stress et des insatisfactions. Un des facteurs importants de ce stress est que depuis quelques années, nous sommes entrés dans l’ère de ce que Peter Drucker appelle le ‘knowledge work’ (travail de la connaissance ?) et les tâches de chacun ne sont plus définies a priori, mais nous devons déterminer quelles actions doivent être menées pour faire notre travail. Dès lors, les méthodes traditionnelles de gestion du temps ne sont plus efficaces et le stress croît sans cesse, nous rendant moins aptes à faire ce que nous avons à faire, préoccupés que nous sommes par les autres tâches que nous devrons faire ou n’avons pas faites. Selon Allen, c’est le stress de toutes nos autres préoccupations qui nous rend moins productifs.

La solution est d’adopter un esprit semblable à l’eau : une mare est immobile ; si on y jette une pierre, l’eau va s’animer d’un mouvement parfaitement en adéquation avec la taille de la pierre, sans sous-réagir ou sur-réagir, puis va revenir doucement à son immobilité. L’objectif est que notre esprit soit ainsi : serein et mobilisé uniquement par ce que nous sommes en train de faire.

Pour arriver à cette sérénité, il faut apprendre à gérer nos engagements (professionnels, familiaux, amicaux etc.), même ceux dont nous n’avons pas conscience, mais qui occupent de la place dans nos préoccupations. Notre esprit est occupé par un grand nombre de choses incomplètes, qu’Allen appelle des boucles ouvertes (open loops), qui nuisent à notre concentration, même sans que nous en ayons conscience.

Pour gérer ces engagements, Allen propose trois règles :

  • tout ce qui est dans notre esprit l’occupe inutilement. Nous devons nous débarrasser de toutes les choses incomplètes en les notant quelque part où nous savons que nous les retrouverons.
  • pour tout ce que nous avons à faire, il faut définir précisément en quoi cela consiste et décider de ce qu’il faut faire concrètement pour avancer sur cette question.
  • lorsque les actions à entreprendre sont définies, il faut les noter quelque part pour pouvoir les passer en revue régulièrement

C’est cette réflexion qui caractérise le travail de la connaissance. Peter Drucker (cité par D. Allen, p. 15) dit :

In knowledge work… the task is not given; it has to be determined. ‘What are the expected results from this work?’ is… the key question in making knowledge workers productive. And it is a question that demands risky decisions. There is usually no right answer; there are choices instead. And results have to be clearly specified, if productivity is to be achieved.

Faute de faire ce travail de clarification et de libération de l’esprit, nous gardons toujours un sentiment d’insatisfaction et de manque qui nuit à notre concentration.

Pour pouvoir nous organiser efficacement, nous devons adopter une démarche qui tienne compte de toutes les choses que nous avons à faire, petites ou grandes, de long terme ou de court terme, professionnelles ou privées, urgentes ou moins urgentes car elles sont toutes également susceptibles de nous préoccuper. Surtout, il faut débarrasser complètement notre esprit de ces boucles ouvertes en les mettant dans un endroit concret (corbeille, carnet, fichier d’ordinateur…) que nous regarderons régulièrement.

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Outils de productivité…

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Je viens de découvrir (non sans un certain effroi) que ce à quoi j’ai passé la soirée d’hier existait déjà. Il s’agit d’un fichier PDF qui contient l’intégralité des gabarits du D*I*Y Planner. Je dois avouer que pour l’instant et malgré mes espoirs, ce système n’a pas vraiment amélioré ma productivité… ;-)

Alors pour ne pas avoir travaillé pour rien, j’ai cherché à justifier mes efforts et je suis arrivé à trouver un moyen pour concaténer des fichiers postscript (ainsi que les options). Voici la commande :

$ gs -dNOPAUSE -dBATCH -sDEVICE=pswrite
-sOutputFile=myDiyplanner2.ps diyplanner2_a5-even*

Je peux ainsi créer plusieurs sous-parties des fichiers PDF d’origine puis les concaténer pour avoir une configuration utilisable directement (par exemple avec 52 fois la page ‘weekly planning’ et avec les pages que je souhaite et sans celles qui ne m’intéressent pas). Je pense aussi faire des petits paquets qui pourront être utilisés comme compléments : si un jour j’ai besoin de 10 exemplaires des 3 ou 4 pages qui concernent la description d’un projet, je pourrai simplement imprimer dix fois le fichier projet.pdf. Si je le fais vraiment, je ne manquerai pas de vous en informer.

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